Traîtrise
Le fauteuil
Les diodes rouges du sas métallique passèrent au vert, quand l’homme qui portait une combinaison de technicien la télécommanda avec son terminal. La porte s’ouvrit lentement, sans aucun bruit. Un long couloir sombre apparut.
Il sembla un instant irrité. Son contact n’était pas là. Un bruit grinçant et périodique lui fît retrouver son calme.
Au fond, un filet de lumière découvrit un panneau métallique rouillé pourvue d’un volant en son centre.
Une silhouette s’engagea dans le couloir. Elle resta dans l’ombre que projetait la vieille porte à demi ouverte.
L’homme se décida à avancer.
- J’ai cru un bref instant que vous ne viendriez pas.
- Calmez vos nerfs. Vous êtes payé assez cher pour rester maître de vous.
- Je risque gros en venant vous voir. Si je suis découvert c’est la prison qui m’attend.
Son interlocuteur ne répondit pas tout de suite.
- C’est pour cela que vous avez reçu une forte somme d’argent. Arrêtez de vous plaindre. Pensez plutôt à notre affaire. Le fauteuil est-il prêt ?
- J’ai eu un imprévu… Le fauteuil numéro cent a été monté et réglé par un autre technicien. Celui que j’ai modifié porte le numéro cent un.
Cela fit rire l’ombre.
- Plus qu’une coïncidence… Continuez !
- J’ai aussi uploadé notre programmation. Tous les fauteuils seront bientôt connectés pour permettre les syntonisations avancées. Votre programme pourra se télécharger lui-même sur d’autres sièges quand vous le souhaiterez.
- L’IA ne sera pas en mesure de le détecter ?
- Les autodiagnostics journaliers sont délivrés par le programme qui gère les fauteuils. Une surcouche logicielle prendra la main et un faux rapport lui sera envoyé.
- Votre travail sur site est terminé ?
- Oui, nous avons fini l’installation du centre d’enseignement. Nous repartons ce soir.
- Dans ce cas, nous nous verrons bientôt à Chicago.
L’ombre rebroussa chemin. Le panneau rouillé se referma derrière elle.
Ce soir là, un avion privé explosa en plein ciel, emportant dans la mort six techniciens qui revenaient de Suisse.
