Les sous-sols
Sombres rencontres.
Autour d’un grand cercle rouge tracé sur une épaisse moquette noire, une dizaine de personnes se faisaient face, assises dans de larges fauteuils.
La pièce était insuffisamment éclairée pour aisément distinguer des visages. Aucun nom n’était prononcé, aucune technologie n’avait été acceptée dans cette pièce austère.
À coté de chaque siège, une petite table basse supportait un verre et une bouteille d’eau minérale.
- Avez-vous pris soins que nos noms ne soient jamais mis en avant, lors de la prise de décisions qui a abouti à la création de Redstone Duke ?
Un homme se pencha en direction de la voix féminine qui venait de poser la questionner.
- Toutes nos interventions ont été réalisées par des tiers qui ne nous connaissent pas. Comme nous l’avions décidé, les contrats ont été signés avec les sociétés que nous contrôlons. Il n’a pas été facile d’écarter les firmes concurrentes, mais c’était nécessaire, car elles auraient pu se mettre en travers de nos plans.
Le silence s’établit de nouveau autour du cercle.
- Où en sont les travaux d’installation de nos équipements ?
- La première des grandes cavités est entièrement opérationnelle. Les deux autres, ne seront terminés qu’à la fin du premier semestre d’existence de l’école.
- À quel rythme pouvons-nous envisager le remplacement de la « matière », lors de ce premier semestre ?
- Les chiffres qui nous ont été communiqués par nos prévisionnistes restent d’actualité. Nous serons en mesure de réaliser les échanges selon notre calendrier.
Une femme prit la parole, ses intonations trahissaient une inquiétude.
- Je ne comprends pas pourquoi vous n’en venez pas au plus important aspect de cette opération. Comment allons-nous faire pour changer leur système éducatif ?
Elle se tut un bref instant.
- Notre financement reposait sur l’exploitation des capacités des jeunes gens de cette école. Nous ne sommes pas des philanthropes… Les personnes que je représente entendent bien pouvoir déposer des brevets sur les recherches qu’ils auront conduites.
Une nouvelle personne prit la parole, visiblement un peu agacée.
- Nous ne pouvons assoir une domination totale lors de la première année de fonctionnement de cette école. Il vous faudra attendre un peu. Rassurez vos commanditaires, nous n’avons pas l’intention de rester passif.
- Je l’espère pour vous…
- Vous connaissez la règle… Personne ne menace personne dans cette pièce.
La femme reposa son buste sur le dossier de son fauteuil. Ses doigts martelaient un accoudoir.
- Pardonnez-moi. J’ai été égarée par la forte loyauté que je dois à mes commanditaires. Cela ne se reproduira plus.
Une autre personne prit la parole, sans s’avancer dans la lumière.
- Sera-t-elle là lors de ce premier semestre ?
Personne ne répondit pendant quelques secondes. Une voix de femme mit fin à cette attente.
- Nous ne le croyons pas ! Nous avons fait le nécessaire.
- Pouvons-nous en savoir plus ?
- Ce ne sont pas vos affaires. Contentez-vous de nous faire confiance.
- Les personnes que je représente ne se contenteront pas de vos affirmations…
- Pourtant il le faudra bien. Elle doit mourir dans quelques mois. Elle n’a que dix sept ans, elle préfèrera sans aucun doute passer ses derniers instants de vie ailleurs que dans cet endroit clos.
Le silence s’établit de nouveau. Un personnage resté jusque là silencieux prit la parole.
- Nous allons faire une pause, pour que vous puissiez informer vos commanditaires respectifs. À votre retour, nous passons aux votes.