Le deuil


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Categories : Préquels

Aria Spacel.

 

J’avais douze ans, et je portais dans mes mains une fleur rouge. J’étais à coté de mon père. Il tenait son grand parapluie ouvert au dessus de nos têtes.

À nos pieds, le cercueil blanc de ma mère ruisselait d’eau. Une foule de gens nous entourait. Je ne voyais que des visages inconnus.

Mon père me poussa doucement. Je déposai la fleur au dessus de cette boite blanche. Je ne comprenais pas vraiment à quoi cela servait, mais je savais que ma mère adorait les fleurs, alors je la lui adressai en pensée.

Je ne pleurai pas, mes yeux refusaient d’en donner davantage. Je me contentai de rester droite à l’image de mon père.

À l’arrière de la voiture qui nous ramenait à la maison familiale du Maine, je restai silencieuse. Je vivais ma première sensation de solitude en compagnie de mon père.

Une fois le seuil d’entrée passé, il se pencha vers moi.

  • As-tu faim, Aria ?
  • Non, papa.
  • Soif, peut être ?
  • Non, papa.
  • Bien… Il faut que nous parlions.

Il me précéda dans le salon et me désigna un siège près de la cheminée.

  • Je souhaiterais que tu ailles étudier à Redstone Duke, Aria. J’en avais souvent discuté avec ta mère, elle aussi tenait beaucoup à ce que tu y ailles.
  • Je ne sais pas si j’en ai envie, papa.
  • Tu as encore cinq ans avant de prendre cette décision. L’école ouvrira ses portes quand tu auras dix-sept ans.

Je ne savais quoi penser de cette école. Passer des journées entières à étudier m’apparaissait comme une perte de temps. Pourquoi fallait-il apprendre quelque chose ? Pourquoi ma vie devait-elle être conditionnée par l’acquisition d’un savoir dont je n’avais nulle envie ?

  • Je ne comprends pas tes raisons, papa.
  • Tu es encore trop jeune, pour entrevoir ce que cette école représente pour l’humanité. Dis-toi seulement que c’est la meilleure chose que tu puisses entreprendre.

Une fois de plus je restai silencieuse. Je vis une ombre passer sur le visage de mon père. Craignait-il que je choisisse de ne pas m’y rendre quand j’en aurais l’âge ?

  • J’ai décidé qu’il te fallait de la compagnie.
  • Je n’ai pas besoin de compagnie, papa, je me sens mieux quand je suis seule.
  • Je regrette, Aria, ma décision est prise. Demain, je te présenterai Vince. Il m’est recommandé par une connaissance en qui j’ai une totale confiance. Il s’est occupé de sa fille durant quelques années. C’est un garde du corps.
  • Pourquoi me faut-il un garde du corps ?
  • Ta mère et moi, nous t’avons élevé sans te parler de mes affaires. Il se trouve qu’elle n’est plus là pour veiller sur toi. Je serai très heureux de savoir que tu as quelqu’un de confiance sur qui compter… En dehors de moi.

Je ne savais plus quoi répondre. Je compris qu’il en avait décidé ainsi pour mon bien. Malgré tout, je le questionnai.

  • Tu as déjà des gardes, papa. Notre maison aussi est surveillée jour et nuit. Pourquoi en faut-il un de plus, juste pour moi ?
  • Pour me rassurer, Aria… Seulement pour me rassurer.

Le lendemain, je fis la rencontre de Vince. J’eus un peu peur en voyant son rude visage. Mais très vite, je remarquai en lui des qualités qui me plurent.

Il ne parlait pas beaucoup, et il était très gentil avec moi. Quelques jours après, j’étais habituée à sa discrète présence.

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